Les termes « romans durs » apparaissent lorsque Georges Simenon s’affranchit de la série Maigret en créant un style moins balisé que ce qu’exige le roman policier.  On y retrouve une littérature noire mais plus libre, plus orientée sur les personnages, sur ce qu’ils vivent et éprouvent aussi.

C’est en écrivant les premières pages de 6.36 (Six trente six) que la question s’est posée sur le genre.  Dans quelle catégorie pouvais-je mettre cet OLNI (objet littéraire non identifié) ?  Ce roman court me faisait penser à certains romans durs de Georges Simenon.  C’est la raison pour laquelle je l’ai catalogué comme tel.  Depuis, il y a eu Le Cache-Clef.  Lui aussi correspond à cette ligne libre où les personnages peuvent exprimer sans transiger leurs avis et leurs convictions.


6.36, mon premier roman dur … 

6.36  est un roman court, écrit rapidement avec une certaine nervosité, qui dépeint la vie du héros sur une base séxennale, comprenez tous les six ans.

L’idée de départ était d’emmener le lecteur dans plusieurs périodes de la vie du héros. Mais au fil de l’écriture s’est imposée une ligne directrice, plus profonde, plus marquée, celle d’une sorte de malédiction qui frappe le personnage principal.

« Tous les six ans, un sortilège le frappe. Tous les six ans, la vie est remise en question. Tous les six ans, une vague emporte tout sur son passage : divorce des parents, éloignement affectif, abandon, enfermement… Qu’en sera-t-il de la sixième vague ? »

Six Trente Six est un roman cash. Les mots ont leur importance et sont relativement adaptés à la période que décrit le narrateur. « Un abandon à six ans n’a rien de commun avec une trahison à dix-huit. »

En 36.000 mots et six chapitres, Alexandre HOS signe ici un brûlot contre le divorce et les ravages des familles décomposées.

Publié par les Editions de l’Aspic, 6.36 est disponible aux formats papier et numérique.

Bande son : Spotify

 

… Comme un goût de strychnine (anciennement le Cache-Clef)

Alec Longate, un self-made man, à tendance solitaire, à qui tout sourit, s’embourbe dans une relation qu’il considère sans avenir. Une fois n’est pas coutume, il a accepté l’invitation de Barbara pour fêter son quarantième anniversaire. Pour marquer le coup, la belle a décidé de frapper fort : elle emmène Alec sur les traces de son passé.

Après un dîner houleux, une soirée beaucoup trop arosée et une engueulade avec Barbara, Alec se réveille dans un endroit inconnu. Ces lieux lui rappelent quelque chose. Le temps que ses idées se remettent en place, il découvre qu’il est à Valleux, la ville de son enfance, plus de vingt ans plus tôt.

 

« Le seul vrai désagrément d’une gueule de bois, qu’elle soit d’origine houblonnesque ou vodkatique, c’est l’interrogation intime qui en découle quant à la nature des faits passés. Ils sont embrouillés par une vapeur cérébrale que l’on ne peut dissiper qu’avec le secours du temps qui passe et le concours de quelques Alka-Seltzer. Le sujet a beau ouvrir la bouche à plusieurs reprises, coller la langue sur le palais et la racler à grands coups d’incisives, il n’est pas toujours aisé d’identifier la teinte principale de l’ivresse, à moins d’avoir liquidé le même breuvage du prologue à l’épilogue.

Alité, Alec Longate était justement dans cet état. Un goût acide l’avait tiré du sommeil d’éthyle dans lequel il était plongé. Au moment précis où cette remontée gastrique désagréable était venue lui chatouiller les amygdales. Par réflexe, il releva le traversin et remonta les épaules en tentant de garder la tête droite. Surtout, ne pas tanguer. Il osa ouvrir les yeux et fixa lentement le plafond. Inconnu. Il tâta des deux paumes et des doigts les draps dont la texture ne lui rappelait qu’un très vague souvenir. Instinctivement, il se tourna un peu vers la droite. Rien non plus. À sa gauche, une table de chevet, sur laquelle un vieux réveil digital aux grossiers chiffres rouges indiquait « 09 : 09 ». Plus loin, un téléphone en bakélite à touches auquel il ne porta que peu d’attention. Toutefois, cette vision émit un signal vers le cerveau qui, aussitôt, décrypta un besoin habituel de… de… de… zut, plus moyen de se souvenir.

Alec sentait bien qu’il fallait qu’il fasse quelque chose. Un geste dont il avait l’habitude. Un rite ancré en lui profondément, peut-être même une action naturelle. Mais il ne parvenait plus à en saisir ni le sens ni la finalité. Peu lui importait en fait, car quelques neurones affolaient déjà les nerfs et commandaient aux yeux d’identifier plus de détails, si possible des choses familières : une lumière domestique, un ton lénifiant, un objet du quotidien. Tout cela dans un seul but, celui de lui permettre de raccrocher les wagons de la réalité qu’il avait perdue, au gré de ces dernières libations. Mais non, il ne reconnaissait rien, mis à part ce goût abject qui macérait dans le fond du gosier.

Les murs étaient d’un commun sans nom. Ils étaient tellement ordinaires qu’ils en devenaient presque inutiles. Au loin, un téléviseur à tube cathodique flottait dans un brouillard factice fabriqué par ses propres yeux. Tout aussi flou, un poste de radio. Pas du dernier cri, lui non plus ! Idem pour ce cadre hideux entourant la photographie sépia d’une vieille gare qui, elle, par contre, lui rappelait vaguement un endroit déjà visité.

Une nouvelle fois, son cerveau lui fit part d’un besoin imprécis. Cette fois, se rappeler et comprendre comment il en était arrivé là allait être un drôle de périple ! Ça, au moins, il le savait. »

Les projets de romans durs

Plusieurs projets de romans durs sont dans mes cartons.  Il y a notamment La Barza qui reprend l’épopée d’un couple de jeunes adultes belges qui au sortir de la guerre décide d’aller tenter sa chance à la Colonie.  Ce roman est à la limite du récit car il retrace une partie de mon histoire familiale.  Le Cercle est en cours d’écriture.  Ce roman raconte l’histoire d’un homme d’affaires lâchés par les autres notables de la ville où il s’est installé lorsqu’il tombe en faillite.  

Il y en aura encore d’autres, promis.